Les accusés
Probablement l'une des apparitions les plus intéressantes à signaler, car elle jette un regard critique sur les illustrations présentes sur certains flippers et, plus particulièrement, sur l'image de la femme véhiculée par les backglasses.
La première apparition des flippers se situe au début du film, à 21'09, derrière Mme Albrect (Frances Flanagan). La police descend dans un bar qui aurait été le lieu d'un viol collectif. On aperçoit les côtés d'un Scorpion de Williams et ceux d'un flipper surprenant, un Slamdunk de Harron, sur lequel on reviendra plus tard.
À 55', l'adjointe du procureur Kathryn Murphy (Kelly McGillis) décide de voir par elle-même à quoi ressemble le bar, le soir (derrière elle, un Genie de Gottlieb). Elle découvre, à l'écart, la salle de jeux. En quelques plans, Jonathan Kaplan pose le décor : un local sombre, saturé de fumée et de testostérone, où de jeunes hommes désœuvrés passent leur temps à boire de la bière et à alimenter les monnayeurs, dans l'attente d'une hypothétique « fille facile ». La caméra s'attarde sur le backglass d'un flipper où une jeune femme légèrement vêtue aguiche le chaland. Une ambiance un peu glauque, propice à tous les écarts, dont Sarah (Jodie Foster) fera les frais dans une scène de viol spécialement éprouvante.
Le backglass et les décors du Slamdunk ont été créés pour le film et il n'en existe qu'un seul exemplaire. Il s'agit d'un remodelage du flipper Space Invaders de Bally. D'une manière un peu démonstrative il est vrai, les auteurs ont bien appuyé leur propos : jolie jeune femme aux formes généreuses, petit regard et gestes provocateurs, seins auréolés d'un cercle lumineux et titre qui en dit long. Slam dunk est un terme qui désigne, au basketball, un lancer de la balle dans le panier après avoir sauté très haut. Aux États-Unis, l'expression signifie aussi « c'est du tout cuit » ou « c'est dans la poche »... cela se passe de commentaire.
À l'instar de la publicité, des calendriers de fonds de garages ou des stands de salon de l'automobile, les backglasses ont dès leur création usé de ce type de représentations pour attirer une clientèle essentiellement masculine. Le procédé, éminemment discutable, a probablement atteint son paroxysme avec le flipper Sexy Girl de Arkon Automaten, flipper germano-suisse qui affichait de surcroît des diapositives de femmes dénudés sur le plateau de jeu.
Il serait toutefois faux d'y voir une systématique, car nombreux sont les flippers qui ne montrent pas de femme affriolante sur leur fronton. Néanmoins, on peut imaginer que cette iconographie un peu primaire a joué en défaveur des « billards électriques » et a malheureusement contribué à les classer dans la catégorie des amusements bas de gamme pour hommes.
Apparition signalée par : José
Source photos : webmestre
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Créé le15 mars 2014