Tommy
Impossible de traiter des apparitions de flippers au cinéma sans aborder en profondeur ce film emblématique sur le sujet.
« Tommy » pourrait être un film adulé par les passionnés de flippers, mais comme il se termine par un massacre insoutenable de dizaines de ces nobles machines il y a peu de chances pour qu'il figure dans la liste de leurs films préférés. Ceci n'enlève toutefois rien aux qualités indéniables de ce film et à la thématique qu'il aborde.
Adaptation sur grand écran de l'album éponyme des Who (1969), « Tommy » raconte le parcours d'un jeune homme aveugle, sourd et muet ((Roger Daltrey) suite à un traumatisme dans son enfance. Suite à plusieurs avatars avec des personnages peu recommandables, Tommy sort de son apathie grâce à un flipper découvert dans une démolition de voitures.
Malgré ses handicaps, Tommy se révèle être un incroyable joueur et devient une véritable attraction, mise sur pied par sa mère et son beau-père qui profitent de s'enrichir au passage. Un nouveau choc le libère de ses blocages : Tommy voit, entend et parle à nouveau. Célèbre, empli d'une énergie positive communicative et usant de son charisme, il regroupe autour de lui des centaines de personnes malheureuses qui souhaitent lui ressembler. Il devient leur gourou (très christique) en prônant la liberté et le bonheur. Pour que ses disciples puissent connaître la révélation qu'il a connue, Tommy les fait jouer au flipper en leur couvrant les yeux, leur bouchant les oreilles et leur remplissant la bouche. En fin de compte, les adeptes de la secte refusent la manipulation dont ils sont l'objet, détruisent tout et tuent la mère et le beau-père de Tommy. Tommy se retrouve seul et abandonné, mais plein d'une nouvelle foi : Dieu, la nature, lui-même... à chacun de se faire sa propre idée.
Ken Russell prépare d'ailleurs déjà l'histoire par quelques allusions prémonitoires, telle cette scène où, pendant la guerre, Nora (Ann-Margret), la mère de Tommy, remplit des obus avec des billes qui ressemblent étonnamment à celles des flippers (6'11). Durant la seconde partie du film, de nombreux accessoires et éléments de décor évoquent aussi les billes de flippers.
À 19'30, Jack Hobes (Oliver Reed), le beau-père de Tommy, l'emmène lui et sa mère dans une salle d'arcade. Jack ne trouve rien de mieux que d'imposer à Tommy un jeu guerrier où il s'agit d'abattre des avions avec une mitrailleuse (pas vraiment une bonne idée, quand on sait que le père de Tommy a été tué pendant la guerre en tant que pilote). La scène se déroule sous les yeux horrifiés de Nora. À l'arrière-plan sont suspendus des plateaux de flippers (à gauche le plateau d'un Grand Tour de Bally, au centre celui d'un World Fair de Gottlieb qu'on retrouvera plus loin; le troisième n'est pas encore identifié).
Suite à cette scène pour le moins traumatisante, Tommy erre dans la salle de jeu, s'enfermant dans une forme d'autisme. Un bref plan dans un miroir convexe, montre le premier flipper du film, un King of Diamonds (Gottlieb).
Mais la première scène vraiment consacrée aux flippers - dans la démolition de voitures - est d'abord constituée de plusieurs gros plans de plateaux de jeux, dont un Kings & Queens de Gottlieb, sur lequel Tommy, juché sur une carcasse, est en train de jouer. D'autres gros plans proviennent d'un Buckaroo de Gottlieb (que l'on retrouvera plus tard).
Au petit matin, Jack réalise le profit qu'il pourrait tirer de cette situation. Un dernier plan fait apparaître un nouveau flipper derrière une pile de voitures. Il s'agit d'un Soccer Kick-Off (Williams), dont on retrouvera un exemplaire plus tard dans le film. Les pieds, normalement en métal, ont été remplacés par des pieds en bois. Mais le motif de caisse et les éléments du plateau ne laissent aucun doute.
La fameuse scène du concours de flipper entre Tommy et The Champ (Elton John) s'ouvre sur le backglass du Kings & Queens, ramené de toute évidence de la démolition de voitures (53'28). Le flipper utilisé par le Champ est un Buckaroo de Gottlieb. Ken Russell a, semble-t-il, été touché par l'apparence de ces machines car de nombreux plans montrent des détails des plateaux et des backglasses. Ce qui permet de reconnaître le flipper malgré l'emballage délirant dont il a été affublé.
Avant la dernière séquence où l'on voit des flippers, un plan bref (88') montre des loubards jouer au pinball dans un salon de jeux. On distingue deux appareils, qui, en se fiant au motif de la caisse, pourraient être un Time Zone (Bally) et probablement un Triple Action (Williams).
La dernière séquence quant à elle donne le tournis. Une quarantaine de flippers peuvent être dénombrés. Heureusement, la caméra se faufile longuement entre les machines, ce qui permet de les identifier plus facilement.
Prenons-les un par un dans l'ordre d'apparition. Ci-dessus le plateau d'un World Fair (Gottlieb) et ci-dessous : un Bank-a-Ball (Gottlieb), un Magic Circle (Bally), un Touchdown (Williams) - que l'on retrouvera plus en détail plus loin - et un Grand Tour (Bally) au premier plan.
Ci-dessus, le backglass du World Fair vu précédemment et celui d'un Soccer Kick-Off.
Ci-dessous, des plans rapprochés du Touchdown.
Ci-dessus, un flipper Big Fair (Talleres del Llobregat), un Skill Race (Games, Incorporated), un Hot Line (Williams) et le fin bord d'un On Beam (Bally).
Ci-dessous, un Dig-A-Star (Talleres del Llobregat), devant un autre Hot Line et un Magic Circle (dont on a déjà vu un exemplaire).
Un Festival (Chicago Coin).
Ci-après un Playtime (Chicago Coin).
Un Rocket III (Bally) et un Super Score (Gottlieb).
Un Royal Flash (Chicago Coin) et un Gay Cruise (Bally).
Un Spot-Pool (Williams). Le coin de backglass que l'on voit à gauche du Spot-Pool est celui d'un Bowl A Strike (Williams), mais le fronton rouge ne correspond pas à ce flipper (on le revoit plus loin).
Un Bonanza (Gottlieb). Le back glass et le plateau semblent correspondre, mais les illustrations sur les côtés du fronton ne sont pas celles vues habituellement sur ce flipper.
Un Miss Annabelle (Gottlieb) et un Bowl A Strike (Williams) .
Un Las Vegas (Talleres del Llobregat), bien que le motif sur le fronton et la caisse ne soit pas celui du modèle original. Juste derrière, la caisse et le fronton d'un Dig-A-Star.
Ci-dessus, un Flamenco Show (Talleres del Llobregat), un Sing Along (Gottlieb) et un Action (Chicago Coin).
Au bout du trajet effectué par la caméra, une alignée de flippers : un Bazaar (Bally), la caisse et le fronton d'un Crossword (Williams) et d'un Royal Guard (Gottlieb) (que l'on verra mieux plus loin), le côté d'un flipper non encore identifié, un Gold Rush (Bally), un Satellite (Williams), un Soccer (Williams), un Super Score (déjà croisé) et un Big Strike (Williams) au dessin très proche du Hot Line vu plus haut. Tout au fond dépasse le fronton d'un flipper bleu et blanc. Il s'agit probablement d'un Talleres del Llobregat, car ce motif habille plusieurs modèles de cette marque.
À partir de ce moment, la caméra de Ken Russell revient en arrière dans l'allée et c'est la boucherie. Âmes sensibles s'abstenir. Bien que toutes les atrocités infligées dans le film à ces innocents flippers ne sont illustrées ci-après, quelques photographies sont susceptibles de heurter la sensibilité des vrais passionnés. Quelques gros plans méritent toutefois de figurer ici.
L'énervé ci-dessous - qui s'en prend à un Action - marque le début du carnage. À l'arrière-plan, on distingue des machines déjà citées auparavant. Puis, le backglass d'un Royal Guard de Gottlieb.
Deux beaux plans sur le backglass et le plateau d'un Dig-A-Star.
Avant qu'ils ne subissent les derniers outrages, ci-dessus un Eleven Belles (J.H. Keeney and Co) et un Bowl A Strike.
Ci-dessous le fronton d'un Four Seasons (Gottlieb), extérieur et intérieur.
Les dernières secondes d'un Spot-Pool, le plateau d'un Magic Circle, ainsi que les backglasses d'un Twinky (Chicago Coin), d'un Rallye (Talleres del Llobregat) et d'un Coquette (Williams).
Apparition repérée par : webmestre
Source photos : webmestre
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Créé le28 février 2014