Un homme qui dort
Un jeune homme, dont on ne connaît pas le nom, (Jacques Spiesser) s'enfonce petit à petit dans une sorte d'absence, d'indifférence au monde qui l'entoure. Il passe son temps dans sa chambre et, la nuit tombée, erre dans les rues de Paris, passe d'un café à l'autre, joue au flipper. Dans des circonvolutions narratives, le texte de Georges Perec revient régulièrement sur les mêmes éléments, telle une spirale infernale, qui entraîne l'homme dans la dépression. Dans cette intrigue, les flippers reviennent fréquemment.
À 17'06, l'homme joue au flipper. On ne voit pas le jeu, mais on entend les sons d'un flipper électromécanique.
À 33'13, l'homme joue dans un café, sur ce qui semble être un King Rock (ou un King Cool) de Gottlieb. Des gros plans de plateaux sont issus d'un Masquerade de Gottlieb (la femme avec un éventail) et d'un Jumping Jack (cible tombante) de Gottlieb. Le bloqueur de bille vient d'un flipper non identifié.
À 44'46, un plan de coupe très bref montre une bille qui passe dans un couloir. Le flipper n'est pas identifié.
La séquence la plus longue commence à 54'26. L'homme joue sur différents flippers dans différents lieux. Le texte de Perec (dit par Ludmila Mikaël) décrit l'état d'esprit du jeune homme lorsqu'il s'adonne au jeu. Perec fait un parallèle entre la pratique du flipper et l'absence de relations charnelles du personnage. Ceci est appuyé à l'image par les représentations de jeunes femmes sur les machines. La séquence commence sur deux gros plans du plateau d'un Masquerade de Gottlieb.
« Mais les rats, que tu saches, ne jouent pas au billard électrique. Tu te colles contre les appareils pendant des heures. Pendant des nuits. Rageusement. Fiévreusement. Tu ahanes. Plaqué sur la machine. Accompagnant de grands coups de reins les rebonds de la bille d’acier. Tu t’acharnes contre les ressorts, les lumières, les chiffres, les passages. Femme peinte dont l’œil s’allume, dont l’éventail s’abaisse. Tu ne peux lutter contre un tilt. Tu peux jouer ou ne pas jouer. Tu ne peux pas engager de dialogue. Tu ne peux lui faire dire ce qu’il ne saurait te dire. Tu as beau te serrer contre lui, haleter contre lui. Le tilt reste insensible à l’amitié que tu éprouves. À l’amour que tu recherches. Au désir qui te déchire. »
Outre le Masquerade sur lequel le jeune homme joue, on peut voir le coin d'un Honey de Williams et un Little Joe de Bally, un Jumping Jack de Gottlieb et un très rare Bali-Hi de Bally (dont il n'a été produit que 80 exemplaires). Le dernier plan de la séquence montre l'homme faisant des allers et retours du bassin contre le flipper. La connotation sexuelle est assez claire.
À 63'26, l'homme passe rapidement devant un King Rock et un Jack in the Box de Gottlieb, sans s'arrêter.
Apparition repérée par : webmestre
Source photos : webmestre
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Créé le1 octobre 2020