Pinball : the man who saved the game
Voici un film qui, à l'instar de films tels que « Tommy », deviendra à coup sûr un must see des aficionados de flippers. De surcroît, ce qui ne gâche rien, le film est vraiment intéressant et bien fait.
Il faut se savoir que, dans de nombreuses grandes villes américaines, les flippers ont été interdits dans les années 1930 parce qu'ils étaient considérés comme des jeux de hasard. Ce qui n'est pas vraiment faux, vu que, assez longtemps, les « billards électriques » tenaient plus de la bagatelle – où la bille rebondissait aléatoirement d'un champignon à l'autre – que des flippers modernes. En outre, le maire Fiorello La Guardia, souhaitant lutter contre la pègre, s'attaqua à cette cible facile et gérée par la mafia, prétextant qu'elle détroussait les enfants de leur argent de poche. Les flippers ne seront réhabilités qu'en 1976, quand un homme, Roger Sharpe, démontrera devant un tribunal new yorkais que le flipper était devenu un jeu d'adresse suite à l'apparition des batteurs en 1947 sur le Humpty Dumpty de Gottlieb. Le film Licorice pizza de Paul Thomas Anderson évoque déjà cette anecdote. De même Guerre au crime de William Keighley en 1936.
« Pinball : the man who saved the game » est réalisé comme un documentaire où Sharpe (Dennis Boutsikaris), aujourd'hui, est interviewé et raconte comment il a réussi à sortir le flipper de l'illégalité.
Dès la première minute du film, quelques plans montrent déjà le moment où Sharpe fera la démonstration devant le président de la commission qu'un flipper – en l'occurrence un El Dorado de Gottlieb – est bel et bien un jeu d'adresse.
Roger Sharpe d'aujourd'hui propose à son interviewer de remonter jusqu'à un jour de 1971 où il a découvert comment vraiment jouer au flipper. Dans un bar de l'université du Wisconsin où il étudie, Sharpe jeune (Mike Faist) joue sur un Cow Poke de Gottlieb. Il ne sait pas jouer et tape dans la bille sans viser, comme un débutant (1'59).
Roger Sharpe d'aujourd'hui commente la scène dans le plan et signale, qu'à ce moment-là, il a remarqué à coté de lui un jeune inconnu qui, sur un Hurdy Gurdy de Gottlieb, parvenait à maîtriser la bille – en l'arrêtant notamment sur le batteur – et qu'il visait des lieux stratégiques pour marquer des points.
Sharpe dit au jeune joueur qu'il joue aussi au flipper, mais pas comme lui. Le jeune homme lui répond que jouer au flipper est une question de contrôle entre le joueur et la machine. Que rien d'autre ne compte. Comme il doit s'en aller, il laisse Sharpe poursuivre la partie, maintenant la bille sur le batteur, car il se refuse à la laisser couler.
Sharpe perd la bille. Mais pour lui c'est le début d'une obsession. Quelques plans sur le générique montre qu'il s'entraîne inlassablement (sur un Hurdy Gurdy, toujours) jusqu'à devenir un très bon joueur. Les autres clients du bistrot viennent même l'encourager et admirer ses prouesses (3'51).
Des surimpressions sur le plateau d'un Bank Shot (ou un Sure Shot qui a le même plateau) de Gottlieb indique que, en 1975, Sharpe a quitté le Wisconsin pour la Grande Pomme... où on le retrouve en plein divorce.
À New York, Sharpe perd son boulot et peine à en retrouver un. Par hasard, en passant devant un sex-shop, il entend le son d'un flipper. Cela faisait des années qu'il n'en avait plus vu, puisque ces jeux y étaient interdits à l'époque. Seuls certains endroits un peu clandestins en accueillaient. Sharpe entre dans le magasin pour adultes et y découvre un Free Fall de Gottlieb, un Stardust de Williams et un Subway de Gottlieb (6'56).
Sharpe s'installe au Subway, redécouvre le plaisir du jeu et la sensation un peu oubliée de contrôler la situation. Il revient plusieurs jours d'affilée pour jouer.
Arrive le moment de partir pour se rendre à un rendez-vous d'embauche. Sharpe demande un peu gêné au tenancier du sex-shop s'il peut reprendre la partie... car il ne veut pas laisser couler la bille.
Ayant passé avec succès son entretien d'embauche dans un magazine de mode masculine, Sharpe se précipite vers son Subway et l'enlace tendrement (12'59).
À 20'05, nouvelle scène au tribunal. Le juge, qui affirme qu'un flipper est un jeu de hasard, invite Sharpe, devant la presse, à démontrer qu'il s'agit d'un jeu d'adresse.
À 20'31, Sharpe écrit son premier article pour le magazine sur la vitre du Subway.
À 22'54, Sharpe emmène Ellen (Crystal Reed), sa nouvelle petite amie, dans le sex-shop (en regrettant de ne pas avoir trouvé de flippers ailleurs dans New York) et lui dévoile sa passion.
À 26'26, le Sharpe d'aujourd'hui explique ce qu'est et comment fonctionne le tilt, relevant que de savoir jusqu'où on peut pousser la machine fait aussi partie de l'attrait du jeu.
À 29'39, Sharpe arrive au sex-shop au moment où la police confisque les flippers. Un court moment historique montre La Guardia massacrant des flippers (non identifiés) et poussant même le symbole jusqu'à transformer les pieds des flippers confisqués en matraques pour la police.
À 33'17, Sharpe se rend dans les bureaux du MAA (Music and Amusement Association) pour savoir comment il pourrait acquérir un flipper pour son appartement. Au MAA, il tombe sur trois flippers : un Air Aces de Bally, un Big Ben de Williams et un El Dorado de Gottlieb (tiens,tiens). Sharpe arrive en outre à convaincre son rédacteur en chef de publier un article à ce sujet. On revoit les mêmes flippers à 67'36.
À 36'19, Sharpe, pour se documenter pour son article, emmène Ellen, son fils Seth (Christopher Convery) et James Hamilton (Toby Regbo), le photographe du magazine, dans le New Jersey, où les flippers ne sont pas interdits. Une surimpression sur le plateau d'un El Dorado indique la destination.
Dans la salle, on retrouve plusieurs flippers déjà vus jusqu'ici et quelques nouveaux venus.
À la suite d'un Big Ben, on voit un Fireball de Bally, un Subway, un Bank Shot de Gottlieb, un Free Fall et un Hurdy Gurdy.
Derrière Sharpe et son photographe, à côté du Hurdy Gurdy, un El Dorado et un "300" de Gottlieb. Seth fait remarquer à Sharpe que tous les flippers viennent de Chicago, sa ville natale. Il n'en revient pas et les passe tous en revue.
Chicago apparaît effectivement sur le backglass du Hurdy Gurdy, sur un plateau de Gottlieb non identifié, sur le backglass du Subway et sur le plateau du Big Ben.
En ne montrant que des Gottlieb et des Williams, il est clair que Chicago allait apparaître à tous les coups. Les réalisateurs auraient pu montrer plusieurs autres marques prestigieuses qui sont issues de cette ville de l'Illinois : Bally, Chicago Coin, Stern, Exhibit, Genco, J. H. Keeney, United... et des dizaines d'autres avaient leur siège à cet endroit.
Bien qu'ayant grandi à Chicago, Sharpe n'y a jamais vu un flipper. Il nous rappelle alors que d'autres grandes villes ont emboité le pas de New York en prohibant les flippers : Chicago, Atlanta, La Nouvelle-Orléans, Los Angeles... Derrière Sharpe, on peut voir le fronton d'un Buckaroo de Gottlieb.
Avec l'avance du livre qu'il a décidé d'écrire sur les flippers, Sharpe s'offre un Cow Poke. Un gros plan sur le backglass montre la partie animée de celui-ci (45'13). On revoit le flipper à 57'03 et à 58'17.
À 48'28, Sharpe part pour Chicago pour son livre. Il y rencontre Sam Gensberg, le fondateur de Chicago Coin (chez qui il peut admirer le prototype d'un nouveau flipper), Alvin Gottlieb, Sam Stern (qui travaille encore chez Williams avant de reprendre Chicago Coin sous le label Stern). La visite des usines Wiliams permet de voir le Big Ben sous toutes les coutures et la chaîne de montage d'un flipper non identifié (dont la caisse ne correspond à aucun flipper Williams produit ces années-là).
À 66'51, on peut voir dans un bowling, un Planets de Williams.
À 80'36, retour devant la commission. Alors que Sharpe devait faire sa démonstration sur un El Dorado (sur lequel Sharpe s'est beaucoup entraîné), le président lui tend un piège et l'oblige à changer de jeu. Il lui impose un Bank Shot. La démonstration offre aux réalisateurs l'occasion de faire quelques jolis gros plans du flipper.
À 88'10, gros plan sur le plateau d'un "300".
À 88'16, parmi un groupe de flippers déjà vus auparavant, un Majorettes de Gottlieb.
Un Close Encounters of the Third Kind (SS) de Gottlieb et deux flippers au fond : un The Simpsons de Data East à droite et un flipper difficile à identifier à gauche.
Un WWF Royal Rumble de Data East et un Sharpshooter de Game Plan.
À 90'27, on découvre la collection personnelle de Roger Sharpe. Flippers pas encore vus jusque-ici : Star Trek (Vengeance Premium) de Stern, Count-down de Gottlieb, Barracora de Williams, X-Men (Pro) (Stern), Batman (66 Premium) (Stern), Fun Park de Gottlieb.
Quelques flippers sont encore visibles dans le générique de fin. Ci-dessous à gauche, un The Fiery 30's de Recel et un El Dorado à droite.
Sur la photo de gauche, derrière Harry Williams, un Blue Chip et un Liberty Bell de Williams et le plateau d'un Whoopee de Williams à droite.
À gauche, le plateau d'un Bazaar de Bally. À droite, derrière Roger Sharpe, un Iron Maiden Legacy of the Beast (Pro), un Guardians of the Galaxy, un Star Wars (Pro) et un Star Wars (Premium) de Stern.
Apparition repérée par : Jean-Marie
Source photos : webmestre
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Créé le19 mars 2023